Le mois d'avril et de mai 2025 en toute simplicité 🌱

Quelques actualités diverses et variées !

La ferme de la Houle
6 min ⋅ 24/06/2025

Avril et mai, en même temps !

En toute simplicité”, j’espère que vous aussi vous n’y croyez pas. Je n’ai pas encore démarré la rédaction mais j’ai bien peur de dépasser le nombre de caractères moyen. J’essaie quand même, on se revoit à la fin pour les plus courageux. Bonne lecture !

PS : il y a beaucoup de photos cette fois-ci d’où la longueur ! :)


Alors, je vais commencer par remettre un peu d’ordre dans mes parcelles agricoles pour être sûr que vous suiviez bien car même moi je m’y perds parfois ! Mais où suis-je ? Déjà, à Cancale enfin à Saint-Malo aussi ! 😅

  • Le potager expérimental de la Houle dans les Hauts de la Houle : parcelle de 1500 m2 mise à disposition par les propriétaires (😍), je m’exerce au métier de maraîcher en y réalisant un potager expérimental. C’est aussi ici que j’essaie d’obtenir d’autres parcelles (voir la lettre d’informations de mars) dans les Hauts de la Houle pour y développer un projet communal et citoyen.

Vue aérienne de la parcelle - 2024 - Google Maps

  • La parcelle de Terrelabouët : parcelle de 9535 m2 en bail rural, l’objectif ici est d’installer un système maraîcher viable économiquement.

Vue aérienne de la parcelle - 2024 - Google Maps

  • La ferme Benaise à Saint-Malo : je suis ouvrier agricole du lundi au jeudi pour quand même gagner un salaire et me former sur le terrain. C’est un magnifique lieu avec de belles personnes.

Vue aérienne de la ferme Benaise - 2024 - Google Maps

I. Le potager expérimental des Hauts de la Houle

1. La préparation du potager de la Houle !

Avril et mai étaient consacrés aux plantations ! Alors, comment ça s’est passé ? Ayant peu de ressources, j’ai fait avec les moyens du bord !

Avant tout, j’ai le plaisir de vous présenter ma Ferrari, un motoculteur qui m’a été prêtée par l’association Ici Cultivons Demain. Alors, sur chacune de mes planches j’ai réalisé des combinaisons différentes : avec ou sans travail du sol, avec ou sans amendements, avec ou sans engrais vert. Je vais avoir du mal à en sortir une conclusion scientifique claire mais ce qui est sûr c’est qu’on peut observer des différences. Pour autant, quand on est sur le terrain, il faut avancer et faire des choix rapidement. En gros, je n’ai pas le temps de vous faire une thèse.. quoique… non, non je plaisante.

2. Quels légumes dans le potager ?

Je n’avais pas de pépinière donc je ne pouvais pas faire mes plants, je devais donc principalement faire du semi direct. Je trouve la méthode merveilleuse - j’adore planter la graine directement. C’est tellement cohérent ! D’autre part, je n’ai pas d’accès à l’eau, alors pas d’arrosage !

  • Ail : j’ai réussi à récupérer un reste d’ail - des caïeux - chez un collègue maraîcher de Dinan car je voulais en faire 3 planches, je n’ai pu en faire qu’une. Je rêve de pouvoir développer une production d’ail, c’est un produit qui est sous tous les angles exceptionnels : gustativement, pour la santé, il se valorise bien…. Pour autant, par nos régions, il peut facilement subir la rouille et peut être difficile à cultiver. Il faudrait que je me rapproche de producteurs d’ail sur Cherrueix ! Si vous connaissez un ancien !

Itinéraire technique de l’ail : un trou dans le sol, le caïeu dedans, on recouvre et hop ! Sur Youtube, la Ferme de Cagnolle réalise d’excellent tutoriel, je vous le conseille !

Ail frais de la Houle - Cancale - rare à la vente 😂

  • Oignon : j’ai réussi à faire mes plants en réquisitionnant encore la serre du jardin de mes parents. J’ai tenté de faire 1500 plants d’oignons. J’en ai finalement utilisé que 300 car le fait d’optimiser m’a fait perdre en qualité… Mes plants étaient bien trop fragiles pour être transplantés. Pour autant, quelle capacité de résilience, tout a poussé ! C’est impressionnant ! À refaire !

    À revoir : la qualité du terreau lors des semis en plaques alvéolés est un enjeu important pour que la motte se tienne bien à la plantation.

  • Betterave : sur 1 planche, j’ai tenté 5 variétés en semi direct et une partie de la planche en transplantation. J’en ai mangé quelques une déjà pour celles transplantées, pour le semi-direct de betterave, celui-ci ne semble pas fonctionner, des feuilles mais pas de betteraves !

  • Haricot, coco & fève : quelle simplicité de plantation ! Quelques graines dans la terre et le tour est joué ! Ça pousse tout seul (sur ma terre) ! À réaliser dans votre jardin !

  • Courgette, concombre & cornichon : j’ai tenté en semi-direct, chose pas si simple. Cela nécessite des conditions particulières. J’ai 4 plants de courgettes sur 9 qui sont partis. 1 seul sur 9 pour le concombre et 0 pour les cornichons. J’ai du mal à comprendre pourquoi à quelques mètres de différence une graine a germé et pas l’autre - à approfondir ! Par contre, avant d’avoir ma première courgette… alors qu’on en sort des kilos et des kilos à la ferme Benaise, toujours pas l’ombre d’une courgette par chez moi ! Le semi-direct a ses limites économiques :)

  • Capucines : tellement beau que j’en ai fait toute une planche en semi-direct ! Vous êtes restaurateur et souhaitez décorer vos plats ou vos cocktails avec des fleurs comestibles ? La capucine pourrait vous ravir ! ;)

Il me manquait quelques planches à planter, j’ai tenté de faire un semi direct pour une prairie fleurie. Ça semble simple comme ça mais les oiseaux se sont délectés de mes petites graines… on verra si ça prend !

Le potager le 1er juin 2025 (la différence avec aujourd’hui est impressionnante)

II. La parcelle de Terrelabouët

1. La préparation du sol de Terrelabouët

Les dernières semaines jours ont été intense sur mon hectare de Terrelabouët ! Après mûre réflexion, j’ai fait appel à une entreprise de travaux agricole - une ETA dans le jargon : l’ETA JAN. Ils m’ont réalisé un super travail. J’ai décidé de faire passer 3 types d’outils en concertation avec Antoine :

  • un broyeur pour se débarrasser du Saule et de la prairie en surface,

  • un rotavator pour démarrer le travail du sol, ameublir, casser la prairie etc..

  • un cultivateur pour aérer, désherber, et faire ressortir les racines de Saules,

Chaque sol est différent, dans mon cas, je devais sortir les grands moyens pour partir sur de bonne base et espérer me débarrasser du Saule ! Maintenant, plus qu’à élever et multiplier les vers de terre ! On croise les doigts !

2. Et une plantation de courges non anticipée !

Ce n’était pas forcément prévu mais j’ai pu me fournir en plants de courges auprès d’un maraîcher - Pierre, que vous pouvez retrouver au marché du dimanche à Cancale ! C’est allé très vite et ce fut surtout un concours de circonstance ! Malgré tout, mon sol n’était pas tout à fait prêt et la date de plantation était un peu tardive. Je pense perdre la moitié du lot ! Dommage mais au moins je teste mon sol !

Plantation de courges sous la pluie - j’adore la pluie.

En réalisant la plantation des courges sous la pluie et sous le soleil, j’ai pu voir de mes propres yeux ce qu’était que le phénomène physique d’évapotranspiration. Vous voyez la sorte de fumée au dessus des toiles ? Suite à la pluie et à la chaleur, l’eau qui stagnait sur les toiles tissées s’évaporait sous mes yeux ! Constater des phénomènes physiques est le meilleur moyen de les comprendre - de voir cela, c’était un peu comme si une pomme me tombait sur la tête !

Voilà, vous en savez un peu plus maintenant ! Mais malheureusement pour vous, vous allez devoir garder votre épisode Netflix en pause car j’ai encore pleins de choses à vous dire !

III. Et hors des champs, que se passe-t-il ?

  • Ecocert : ça y est, après quelques déconvenues administratifs dont je vous passe les détails, j’ai obtenu mon certificat biologique ! Toutes mes terres sont passées en Agriculture Biologique. Loin de moi d’être content de débourser 472,80 €/an pour avoir la labellisation, mais celle-ci me permet de vous garantir des produits biologiques en suivant un cahier des charges strictes. D’ailleurs, et comme à la ferme Benaise de Saint-Malo, je ne souhaite utiliser aucun produit phyto-sanitaire, ce qui fait que je suis encore plus strict que le cahier des charges lui-même. C’est un choix personnel, je pourrai ne pas avoir besoin du label mais cela pourrait me fermer des portes commerciales mais aussi pour l’obtention d’aides agricoles…

  • Apéro porteur de projet avec Ici Cultivons Demain : on s’est à nouveau retrouvé pour échanger, discuter, se présenter, l’association organise de manière trimestrielle des apéros entre porteur de projets et personnes intéressées. On se retrouve facilement à discuter car on est face aux mêmes problèmes, aux mêmes difficultés et c’est rassurant. On n’est pas seul. Si les problématiques agricoles vous intéressent, c’est un moment auquel vous pourriez participer !

  • Rencontre avec la SAFER : j’ai pu échanger directement avec l’organisme en charge des terres agricoles dans le département. Ce fut un échange très agréable et je souhaite aller plus loin. J’en ai profité aussi pour exposer la difficulté d’accès aux terres agricoles dans la région. À ce sujet, je commence à lister des personnes qui se sont manifestées pour l’achat de terres en commun. J’organise actuellement des recherches plus administratives.

  • Déclaration PAC : tout le monde a déjà entendu parlé de la PAC, et bien j’ai le privilège (ou pas) d’avoir mis les mains dedans ! Je décortiquerai le sujet plus tard mais j’ai maintenant l’expérience empirique d’une télédéclaration de la PAC. À la vue de l’interface web (cf. image), j’ai eu la chaire de poule, je m’en faisais tout une montagne. Malgré tout, j’ai rempli quelques documents et j’espère pouvoir avoir quelques aides pour m’aider à l’installation.

Important : le bio connaît de nombreux rebondissement en ce moment dont une perte de budget (-9,4 millions d’euros sur le Fonds Avenir Bio ; -5 millions d’euros sur la communication nationale pour la bio). Étant sur le terrain, la remise en cause du crédit d’impôt bio pour 2027 pourrait avoir des conséquences directes sur mon projet, c’est tout de même 4500 euros par an. C’est une enveloppe qui me permet d’investir dans du matériel mais surtout aussi de m’aider dans les charges annuelles fixes (location terrain agricole, ecocert, MSA…) alors même que je ne réalise pas de chiffre d’affaires. Je donnerai un accès à mes comptes pour les plus curieux.

  • MSA - Sécurité Sociale des Agriculteurs : après avoir attendu pour rien, il m’a fallu 1 coup de téléphone pour réellement être affilié au régime de la MSA. Pareil, c’est un sujet que je creuse, je me renseigne sur les différentes aides possibles notamment pour la santé du maraîcher et prévenir des TMS - troubles musculo-squelettiques. D’ailleurs, à ce titre, je me suis inscrit depuis 1 an à un court de sport à Cancale, je pense que même si l’activité physique en tant que maraîcher est intense, il est indispensable de bien se muscler ! Merci Aurélie @bleunian.fit !

IV. Je plaisante, pas de partie 4, j’ai fini ma lettre !

Enfin pas tout à fait ! Un petit dernier sujet pour la route ! La révision du PLU de Cancale : je me renseigne du mieux que je peux sur ce sujet bouillant ! Et oui, le PLU - Plan Local d’Urbanisme - va donner les grandes orientations de la ville de Cancale pour l’avenir. En tant qu’agriculteur, c’est un sujet qui est venu par lui-même s’infiltrer dans mon quotidien.

Je pense que c’est un sujet que chaque citoyen doit connaître un minimum car chaque PLU entraîne des choix qui ont des conséquences économiques, démographiques mais aussi dans votre vie de tous les jours ! Pour ce faire, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de la mairie et consulter la documentation. Si vous le souhaitez, vous pouvez présenter vos demandes/requêtes directement à la mairie à l’adresse revisionplu@ville-cancale.fr.

C’est aussi pour l’avenir de nos enfants !

Robin ✌️

La ferme de la Houle

Par Robin G

À qui s’adresse la ferme de la Houle ?

Aux habitants de la commune de Cancale qui souhaitent manger des légumes de leur commune mais pas que.

Aux curieux, à ceux qui se posent des questions, à ceux qui ont toutes les réponses, à ceux qui rêvent de changement, à ma génération, aux plus jeunes et moins jeunes, aux cols blancs et cols bleus, aux conseillers bancaires comme aux ouvriers du bâtiments, aux futurs agriculteurs, à ma femme, à mon fils qui lira surement ces lignes un jour !

Qui suis-je ?

Robin, la trentaine, ex-banlieusard dans le 78.

Je travaillais par le passé dans le secteur tertiaire, dans le monde des startups en tant que Growth Manager - manager de la croissance - derrière un bureau, devant un écran plus de 8 heures par jour, jusqu’au jour où j’ai tout arrêté.

Maintenant, je suis paysan-maraîcher (j’essaie) sur la terre de mes ancêtres, à Cancale, là où l’histoire de ma famille a commencé et où finira surement la mienne.

C’est l’histoire d’une révolution systémique.